Les artistes des Moments Musicaux de Touraine

Nicolas BACRI

Nicolas BACRI

Né à Paris en 1961 dans une famille musicienne, Nicolas Bacri a abordé la musique par l’étude du piano à l’âge de huit ans. Ses premiers professeurs d’analyse et d’écriture, Françoise Levéchin-Gangloff et Christian Manen, assisteront ses premiers pas dans le domaine de la composition qui le mèneront dès l’âge de seize ans à l’écriture de morceaux symphoniques interprétés par l’orchestre du Théâtre National de Prague sous la direction de son père.

Sur les conseils de Marius Constant qui trouve les « essais pragois » encourageants, Nicolas Bacri se présente à Serge Nigg, professeur de composition au CNSM de Paris. C’est avec lui et Louis Saguer qu’il prépare le concours d’entrée. A l’automne 1980, il est admis au CNSM en classe de composition (où il est également élève de Michel Philippot en alternance avec Serge Nigg), analyse avec Claude Ballif et orchestration avec Marius Constant, et termine ce qu’il considère sa première œuvre aboutie, le Quatuor à cordes op.1.

Aussitôt son quatuor exécuté, il prend contact avec Elliott Carter –à qui il dédiera sa Symphonie n°1 op.11- qui écrira en 1989 : « La musique de Nicolas Bacri mérite d’être étudiée, car l’imagination et la maîtrise musicales que l’on y trouve montrent que ses partitions sont parmi les plus importantes de sa génération ».

Trois ans plus tard, il obtient un 1er prix de composition et est nommé pensionnaire à l’Académie de France à Rome (Villa Médicis) pour deux ans. Il entre alors dans une période créatrice très abondante, concertos pour piano, pour violon, pour violoncelle, nocturnes pour hautbois et violon, symphonie pour chant, chœurs et grand orchestre, symphonie n°6 dédiée à Serge Nigg, etc.

L’œuvre de Nicolas Bacri peut déjà se diviser en deux périodes. Très tôt marqué par l’école de Vienne, de Darmstadt, le compositeur va progressivement se libérer de cette influence. Stimulé par l’exemple de Giacinto Scelsi, sa musique s’ouvrira sur un travail de la matière sonore. Certains compareront cette nouvelle démarche à celle de Chostakovitch ou de Britten. Pour Nicolas Bacri « il est naturel qu’un artiste réexamine ce que les artistes dominants de la génération précédente tiennent pour acquis ».

Aucune intention polémique ne sous-tend cette conversion esthétique. Il s’agit seulement pour le compositeur « d’expérimenter une nouvelle voie pour tenter de se rapprocher plus encore de son essence personnelle » et son respect pour certains compositeurs nés au début du XXème siècle dont l’évolution fut exactement inverse à la sienne reste intact.

Ce cheminement vers le « sentiment tonal » qu’il croyait disparu au début de sa vie de musicien et qu’il retrouvera en même temps que ses racines hébraïques et méditerranéennes, c’est ce dont sa musique nous parle, d’œuvre en œuvre, suivant une courbe esthétique progressive et surprenante, mais toujours animée du même souffle lyrique, dense, et des couleurs sombres, violentes et tendues jusqu’à l’austérité, jusqu’au tragique.